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多哥总统福雷:中多倾力共建西非“十字路口”

——专访多哥共和国总统福雷·埃索齐姆纳·纳辛贝(Faure Essozimna Gnassingbé)

 

5月31日下午,多哥总统福雷在其下榻的北京钓鱼台国宾馆18号楼接受《中国投资》非洲版独家专访,畅谈了去年12月中非合作论坛约堡峰会给非洲和多哥带来的变化,殷切寄望于更大规模的中国-多哥合作,并就几内亚湾国家海上安全问题表达了与中国合作的迫切愿望。

文 I 本刊记者张梅  摄影I葛亮  部分图片提供I CFP

 

《中国投资》:我们了解到昨天您跟中国国家主席习近平进行了会谈,请您介绍一下昨天会谈的成果。

总统:
先,我想说,对于多哥人民和我本人来说,我们都很高兴、也很荣幸能够实现此次访问。昨天,我同非洲的老朋友习近平主席举行了会谈。会谈达成的最直接的成果
就是双方签署了一系列协议,这些协议涉及诸多领域,特别是基础设施建设领域和金融领域,中方也同意减免多哥债务。双方还同意建立两国外交部间磋商机制。此
外,我想说的是中非之间的关系是建立在定期会晤基础之上的。为什么要有定期会晤呢?因为我们双方都希望在重大国际问题上采取和保持相同的立场。如您所知,
当今世界局势更加复杂多变,也有更多不确定因素。因此,(两国)高层间定期会晤,无论是国家领导人层面还是部长层面,(就共同关心的问题)交换意见,这是
十分自然的。我们昨天就是这么做的。

我上次到访中国是2006年,但如今非洲形势已经大不相同。特别是在西非,目前国际恐怖主义盛行,而之前并没有那么严重。所以,我来到中国,向习主席介绍了非洲的新情况。

同样在中国,目前炒得很热的南海问题此前也并非热点。所以我们来到中国,双方可以就新情况进行交流,做出解释,这是真正意义上的解释。

相信此访结束之后,我们之间的互信会进一步增强,同时我们也更加理解对方的关切,特别是对中国在一些重大国际地区问题上的关切有了更充分的了解。

 

多哥位于非洲西部,南濒几内亚湾,东邻贝宁,西界加纳,北与布基纳法索接壤。海岸线长56公里。南部属热带雨林气候,北部属热带草原气候,年平均气温沿海地区为27℃,北部为30℃。面积为56785平方公里

《中国投资》:非常感谢。我们知道,(中非合作论坛)约翰内斯堡峰会过去已有半年时间,越来越多的中国企业希望到非洲去投资,我想请总统先生评价一下约堡峰会的成果,并介绍下一步多哥为推进约堡峰会成果(落实)所采取的具体措施和进一步推进同中国合作的设想。

总统:我对约堡峰会的评价十分积极。我想其他非洲国家与会元首也有同感,约堡峰会是一场历史性的会晤,它推动中非合作不断深化。

中非合作论坛自2000年创立以来,发展到2015年,已经取得了显著成果。归功于论坛和中非双方的其他行动,中国已经成为非洲第一大贸易伙伴和最大的投资来源国。从这些数据可以看出,论坛的成果十分积极。

论坛也促使我们对自身进行反思,发现了非洲国家普遍存在的短板,即基础设施匮乏,资金不足,人才短缺。而中方在此次约堡峰会上提出的中非“十大合作计划”,正是为了帮助我们缓解这些发展瓶颈,帮助非洲实现工业化和农业现代化。

具体来说,多哥是一个只有650万人口的小国。但多哥也有很多优势,第一大优势就是安全有保证,政局十分稳定。第二大优势是区位优势。但我们也有弱点,比如
缺乏市场,因为650万人口实在是太少,市场不够广阔。我们对这一点有清醒的认识,所以我们的目标就是把多哥打造成十字路口,向西部非洲这片广阔的市场提
供中转服务。因此,我们要充分挖掘和发挥自身天然优势,即区位优势。

秉持这样的目标,我们在中国企业的帮助下,大力投资发展港口和机场。第一步就是要建造基础设施,这一步目前正在进行中。第二步就是要打造物流中心,让我们的港口服务于
西非这片广阔的市场。我们要加强在基础设施领域的投资,建成公路网、铁路网,完善配套能源,实现数字化,也就是电子通信,以便提供更完善的服务。

我们在中国有很多合作伙伴,比如和招商局开展了良好的合作。我们知道,要想吸引更多投资者,需要不断改善营商环境,提供更加完善、更加安全的法律保障。我们
在这一方面已经取得了一些进步,未来还将继续努力。我们的目标就是要吸引更多的私营企业,特别是中国企业来多哥投资兴业。我们将会变得更加有竞争力,更加
高效,更加有保障,不仅服务于多哥市场,还将服务于广阔的西非市场。我知道这并不容易,因为很多非洲国家都处在同样的竞争中,同样希望吸引中国投资者。但
这是一种良性竞争,许多国家都在努力。我们将以更好的条件吸引私营企业、特别是中国企业的投资。

 

采访现场

《中国投资》:谢谢。您刚才也提到希望中国和多哥之间开展安全领域的合作。我想提一个安全方面的问题,根据目前广泛的报道,西非水域海盗比较猖獗,已经成为全
世界最不安全的水域之一。作为几内亚湾沿岸国家,多哥如何看待海盗问题?是否打算像亚丁湾一样,开展反海盗的国际行动?

总统:非常感谢。的确,这是一个问题。正如我刚刚所强调的一样,我们的目标是把多哥打造成为西非的十字路口、物流中心。多哥的一个重要优势,就是拥有洛美港这一西非重要的深水港。因此,我们十分关注几内亚湾安全问题。

但我认为,海盗问题不只关系到多哥,还关系到几内亚湾各个国家。我们曾经也遇到过海盗攻击,每次都成功击退了海盗。但这些海盗被击败后又逃到其他国家,对其
他国家构成了威胁。在这种情况下,我们提议举办非洲联盟海上安全峰会,加强非洲国家的合作,特别是同样遭受海盗袭击的国家之间的合作。

目前,在多哥领水中,常年停泊大概90〜95个各类船只,最多能达到上百个,它们在这里寻求安全和保护。每次发生海盗袭击时,遭袭船只都会发出求救信号。有
些时候我们与海盗正面对峙,但很多时候,海盗船只迅速逃离。由于多哥海岸线比较短,只有50〜60公里,我们追击时,海盗船会很快逃离多哥水域,进入其他
国家领水,此时我们无法继续追捕。

因此召开海上安全峰会的目的之一就是规范海上追捕行动,加强海上安全协作。船只遇袭时,我们在进行救援的同时可以求助邻国,一旦海盗船只开进邻国水域,邻国可以继续采取追捕行动。

另一个问题是利用港口进行武器和毒品走私。海上安全峰会也将探讨如何打击这些现象。武器走私会加剧非洲的武装斗争,毒品贸易则将加剧跨国犯罪问题。

有一个国家为我们举办此次会议提供了很多帮助,那就是中国。中国十分清楚海上安全是个重大议题,我们也很高兴中国支持并帮助我们举办此次会议。习主席在会谈时表示,中方届时将派团参会,我对此表示感谢,相信我们一定可以学到中方在这一领域的经验。


法文版:

Joindre les efforts sino-togolais pourfaire du Togo un carrefour pour l’Afrique de l’Ouest

 

——Interview exclusive avec le Président de la République TogolaiseFaure Essozimna Gnassingbé

l'auteure: Zhang Mei Photographier: Ge Liang

Dans
l’après-midi du 31 mai, le Présidentde la République Togolaise Faure
Essozimna Gnassingbé a reçu en exclusivité nosjournalistes de l’édition
africaine de China Investment dans la villa N. 18 dela Résidence des
Hôtes d’Etat Diaoyutai où il se loge. Durant l’interview, il anotamment
évoqué les changements apportés par le Sommet de Johannesburg duFOCAC à
l’Afrique et au Togo, et ses aspirations à la coopérationsino-togolaise
sur une plus grande échelle. Il a également exprimé son souhaitardent de
coopérer avec la Chine dans la préservation de la sécurité maritimedans
le Golfe de Guinée.

Voici le texte intégral de l’interview,dont le titre est donné par nos rédacteurs.

Journaliste
: Excellence Monsieur le Président,je suis journaliste de China
Iinvestment, et je suis très heureuse de pouvoiraccorder une interview à
vous.

Président Faure Essozimna Gnassingbé :Merci beaucoup. Je suis très heureux aussi d’avoir cette opportunité.

 

Journaliste
: Nous savons qu’hier vous avezeu un entretien très réussi avec le
Président Xi Jinping. Pourriez-vous nous présenterles résultats acquis
lors de cet entretien ?

Président : Merci
beaucoup. Tout d’abord,je voudrais dire que cela a été un plaisir et un
honneur pour tout le peupletogolais et pour moi-même d’effectuer cette
visite, et d’avoir rencontré le PrésidentXi Jinping qui était un vieil
ami de l’Afrique. Les résultats immédiats, c’estla série d’accords que
nous avons signés, qui concernent plusieurs domaines,notamment dans le
domaine des infrastructures et le domaine financier. Il y aeu des
remises des dettes, et puis le mécanisme officiel de consultations
quenous allons mettre en place entre nos deux pays. Mais au delà, je
pense que larelation entre la Chine et l’Afrique est fondée sur des
rencontres périodiques.Pourquoi ces rencontres périodiques ? Parce que
nous avons pour ambition d’avoiret de maintenir des positions communes
sur les grandes questionsinternationales. Vous savez que le monde est
devenu beaucoup plus complexe etbeaucoup plus imprévisible. Il est
normal que périodiquement, les dirigeants dehaut niveau, que ce soit au
niveau présidentiel ou au niveau ministériel,puissent se rencontrer pour
échanger leur point de vue. C’est ce que nous avonsfait hier.

L’Afrique
a une nouvelle réalité parrapport à la situation qui prévalait en 2006
lors de ma dernière visite enChine. Aujourd’hui, à l’Afrique de l’Ouest,
on a le phénomène du terrorismeinternational que nous ne connaissions
pas. Donc nous avons pu expliquer cettesituation au président.

En
Chine aussi, comme nous étions venus, lasituation qui prévaut dans la
Mer de Chine méridionale ne prévalait pas. Doncil est normal que nous
venions et que chacun puisse donner des explications,explications au
point de vue.

C’est ce que nous avons eu
le bonheur defaire hier. Je suis sûr que nous repartons avec la
confiance qu’on a purenforcer et aussi une meilleure compréhension de la
position de la Chine surcertaines grandes questions internationales

 

Journaliste
: Merci beaucoup, Monsieur lePrésident. Nous savons que le Sommet de
Johannesburg du FOCAC (Forum sur laCoopération sino-africaine) a été
terminé il y a six mois. Beaucoup d’entrepriseschinoises sont
intéressées par les investissements en Afrique. Monsieur le
Président,quelles sont vos impressions sur les résultats et les acquis
du Sommet deJohannesburg du FOCAC, et quelles sont les mesures prises
par le gouvernementtogolais pour favoriser la coopération sino-togolaise
et la mise en oeuvre desacquis de ce Sommet ?

Président : Mes impressions sont trèspositives. Je crois qu’avec d’autres, nous
avons estimé que le Sommet du FOCAC étaitun sommet historique.

Le
FOCAC, Forum sur la coopérationChine-Afrique, depuis sa création en
2000, a accompli des progrès remarquablesen 2015. Et grâce à, entre
autres, ce Forum et à d’autres actions, la Chine estdevenue le premier
partenaire commercial en Afrique et le plus grandinvestisseur sur notre
continent. Donc c’est un bilan qui est largementpositif.

Nous
avons établi un bon diagnostic : desproblèmes que nous connaissons en
Afrique, c’est à dire le déficit en terme d’infrastructures,une
insuffisance de ressources financières, et les ressources humaines en
compétencequi sont inadéquates. Et l’objectif des dix programmes qui ont
été annoncéslors du Sommet du Forum, c’est justement pour essayer de
régler ou bien dedesserrer ces goulets d’étranglement pour que
l’industrialisation puisse êtreune réalité en Afrique et que
l’agriculture puisse aussi être modernisée.

Le
Togo, pour parler plus spécifiquement,est un petit pays qui n’a que 6,5
millions d’habitants, mais qui a quelquesatouts. Le premier atout,
c’est à dire la sécurité et la stabilité. Et le deuxièmeatout, c’est sa
position géographique. Mais le Togo a des faiblesses. C’est qu’iln’a pas
de marché, parce que six millions et demi (d’habitants), ce n’est
pasbeaucoup. Nous le savons très bien. Donc notre ambition, c’est d’être
uncarrefour et d’offrir des services au grand marché que constitue
l’Afrique de l’Ouest.Pour cela, il nous faut développer et exploiter nos
avantages naturels. Jeparle de la position géographique.

C’est
pour cela que nous avons beaucoupinvesti dans le port grâce notamment à
une entreprise chinoise. Nous avonsbeaucoup investi dans l’aéroport,
grâce aussi à la coopération sino-togolaise.Maintenant, c’est la
première étape, mise en place de ces infrastructures. Ilfaut aller à la
seconde étape, qui est le développement des services qu’est
lalogistique. Parce que nous avons un port qui est performant et qui
peut serviridéalement toute l’Afrique de l’Ouest. Donc, c’est
d’augmenter lesinvestissements dans les infrastructures, que ce soit le
réseau routier, le réseauferroviaire, l’énergie, et la numérisation,
c’est à dire la télécommunication.Ce sont ces tas d’infrastructures que
nous devons développer, de façon àpouvoir être performantes dans la
délivrance des services.

Tout cela, nous
avons des partenaires icien Chine. Notamment, nous avons China
Merchants, compagnie avec laquelle noustravaillons. Quand vous voulez
attirer des entreprises, il faut améliorer l’environnementdes affaires,
améliorer le climat des affaires. Il faut donner une sécuritéjuridique
aux investisseurs qui viennent dans votre pays. Ce sont dans
cesdomaines-là que nous voulons faire des progrès, que nous avons
commencé à fairedes progrès, et que ces progrès doivent être amplifiés.
Donc nos objectifs, c’estque les entreprises privées, notamment les
entreprises chinoises puissent venirs’installer au Togo, parce que nous
serons plus compétitifs, plus efficaces, etplus sûrs, et qu’à partir du
Togo, en plus de servir le marché du Togo, servirle grand marché de
l’Afrique de l’Ouest. Ce n’est pas facile, parce quebeaucoup de pays
aimeraient attirer les entreprises chinoises. Donc c’est unecompétition,
mais c’est une compétition positive, parce qu’il faut que chaquepays
africain fasse les mêmes efforts, seuls les meilleurs réussiront à
attirerles entreprises privées, notamment les entreprises chinoises.

 

Journaliste
: Merci pour votre réponse.Tout à l’heure, vous avez évoqué la
coopération en matière de sécurité. Je saisque la sécurité est une
question qui vous préoccupe aussi, parce que lapiraterie en Afrique de
l’Ouest est un problème assez grave. Comment vous voyezce problème ? Le
Togo, pays riverain du Golfe de Guinée, a-t-il des intentionsde déployer
des forces anti-piraterie, comme celles qui ont été déployées dansle
Golfe d’Aden ?

Président : Merci
beaucoup. C’est vrai quec’est un problème. Comme j’ai dit tout à
l’heure, le Togo a intention dedevenir un carrefour pour l’Afrique de
l’Ouest. Nous avons un port en eauprofonde qui est très important. Donc
nous sommes préoccupés par la question sécuritairedans le Golfe de
Guinée.

Cette préoccupation ne concerne
passeulement les autorités de Togo, mais elle concerne tout le Golfe de
Guinée.Parce que nous avons connu nous mêmes des attaques provenant des
pirates, maisnous avons pu à chaque fois les repousser. Mais quand nous
les repoussons,naturellement ces navires de pirates retournent vers
d’autres pays. C’est pourcela que nous avons proposé d’organiser une
conférence continentale sur la sécuritémaritime pour avoir une meilleure
coopération continentale entre nous mêmes etles autres zones qui
connaissent des risques.

Aujourd’hui,
dans nos eaux territoriales,nous avons en permanence 90 à 95 navires,
parfois 100 navires qui stationnentdans nos eaux territoriales, parce
qu’ils cherchent la sécurité et laprotection. Quand il y a une attaque
qui se produit, on nous appelle. Parfois,nous allons intervenir à bord,
et d’autres fois, les navires prennent la fuite.La côte togolaise, qui
est relativement courte, puisque nous n’avons que 50 à60 km. Donc quand
nous commençons à les poursuivre, ils passent dans un autrepays ou dans
d’autres eaux territoriales, donc nous ne pouvons pas entrer dansles
eaux territoriales des autres pays.

C’est
la conférence qui va permettre de réglementerle droit de la poursuite
ou alors de rendre plus performante la coopération. C’està dire au
moment où nous sommes appelés, nous puissions appeler les autres
paysvoisins pour qu’ils se préparent à prendre le relais de la
poursuite. Une foisla navire piratée ou bien les pirates aux côtes
franchies, les autorités dupays voisin peuvent les poursuivre.

L’autre
problème, c’est l’utilisation desports africains pour le trafic des
armes et pour le trafic de la drogue. Doncla conférence pour la sécurité
maritime cherche aussi des moyens pour combattreces phénomènes aussi.
Parce que les armes peuvent alimenter les conflits dansnos pays, et la
drogue aussi renforce ou aggrave les fléaux de la
criminalitétransfrontalière.

Donc un des
pays qui nous soutient beaucouppour l’organisation de cette conférence,
c’est la Chine, qui est tout à faitconsciente de ce phénomène de la
sécurité maritime, et nous nous réjouissons qu’ellenous appuie et
qu’elle nous aide à bien organiser cette conférence. Lors de
l’entretienavec le Président Xi Jinping, il m’a dit qu’il y enverrait
une délégation et jedois le remercier parce que nous pouvons beaucoup
apprendre de la Chine dans cedomaine.

 

Journaliste : Merci beaucoup.

Président : Merci beaucoup.